ou privées de l'époque, une incontestable originalité, et réussissant à <<incarner à Rome pendant un quart de siècle»>, comme dit Mme Goulet- Cazė, «un platonisme vivant, fidèle à la double tradition de l'Académie et du pythagorisme» (p. 257). La «<leçon de méthode», selon la formule de M. Jean Pépin, que donne, en analysant la Vie 8. 1-4, M. Denis O'Brien ainsi que l'analyse par M. Richard Goulet de l'oracle d'Apollon ne sont pas moins remarquables. Il faut, d'après M. O'Brien, entendre µɛraßáλλɛiv/μeraßaλsiv en 8.1 et en 8.11, dans le sens qu'impose, malgré les dictionnaires, le contexte de 8.11, et dont il est d'ailleurs d'anciennes attestations. Le début du chapitre 8 suppose, selon cette exégèse, la comparaison que fera Porphyre en 8.11. Le premier jet de Plotin est, déjà, pour son biographe, une copie, «une copie faite, pourrait-on dire, sur le livre de l'esprit» (p. 339). Pour ce qui est de l'oracle d'Apollon, M. Richard Goulet, ne se bornant pas à montrer les affinités existant entre cet oracle et le néoplatonisme théurgique de Syrie, fait bien de rappeler, de surcroît, le rôle joué, en tant que consultant, par Amélius. Ce dernier, qui reçut précisément l'oracle à Apamée, semble bien avoir partagé le goût de Numénius pour les Oracles chaldaïques. Rien ne manque, on le voit, à la démonstration de M. Goulet.
Que l'on me permette, pour terminer, concernant un ouvrage qui mérite les plus grands éloges, deux brèves remarques. L'Aristote et Plotin de M. Marcel De Corte n'a point pour sujet, comme pourrait le faire croire l'indication que donne, p. 73, M. Luc Brisson, l'influence d'Aristote sur Plotin. Il s'agit, dans le fait, de deux études sur Aristote suivies de deux études sur Plotin. Les observations de Mme Goulet-Cazé, d'autre part, à propos de la «péricope A» d'Ennéade IV, 7, demande- raient, me semble-t-il, à être rapprochées des observations de M. Aram. M. Frenkian, dans Maia, 1961, 3, p. 205-207, à propos des péricopes A et B. Il est vrai que les divergences existant, pour la péricope A, entre les manuscrits de Plotin et ceux d'Eusèbe sont la plupart du temps minimes. Cela n'empêche pas les péricopes A et B de différer très considérablement l'une de l'autre, M. Frenkian le souligne à bon droit, quant au nombre de leurs variantes. Reste donc, après les développements très convaincants, à tous autres égards, de Mme Goulet-Cazé, à expliquer ce fait.
Christian RUTTEN.
JOHANNIS SCOTI ERIUGENAE Periphyseon. Indices generales confecit G.H. ALLARD. Un vol. 21 x 27,5 de xu-642 pp. Montréal, Institut d'Études Médiévales; Paris, Vrin, 1983. Prix: 40 $ can.
La série des index de Jean Scot Érigène s'enrichit. Deux volumes du <<Corpus christianorum. Continuatio mediaevalis» ont livré les fruits du recensement informatique. Expositiones in ierarchiam coelestem, éd. par M Jeanne Barbet (n° 31, 1975) contiennent cinq index réalisés à l'Institut d'Études Médiévales de Montréal par MM. Guy Allard, Serge Lusignan et Jean Meunier; il s'agit d'index de formes avec indication de fréquence. Le De divina praedestinatione liber, éd. par Goulven Madec (n° 50, 1978) a inauguré la collaboration, systématique depuis lors, du <<Centre de traitement électronique des documents» (Cetedoc, dirigé par le Professeur Paul Tombeur) de Louvain-la-Neuve avec la maison Brepols, éditrice de la collection; aux pp. 160-278 figure un index unique et lemmatisé, comportant de surcroît des symboles précisant le statut des mots (citations, etc.).
Le Professeur Guy H. Allard de Montréal donne ici le recensement complet des mots du Periphyseon (De divisione naturae) contenus dans l'édition de Migne (t. 122); il a été préparé à l'aide du logiciel JEUDEMO de Montréal qui avait déjà été utilisé pour le volume de Me Barbet. Cet instrument de travail n'est pas une concordance (qui indiquerait le mot avec son contexte) ni un simple relevé des termes (sans indication des lieux de leurs occurrences) ni un index lemmatisé (qui classerait toutes les formes déclinées ou conjuguées sous un seul mot-clé); pour les mots déclinés il faut donc chercher à chaque forme dans l'ordre alphabétique (homines..., hominibus..., hominis.... homo..., p. ex.), et tout autant pour les verbes (p. ex. esse... fui... sunt). Cinq index se succèdent. D'abord un index verborum latinorum le plus long (pp. 1-660), où chaque forme est accompagnée de son indice de fréquence (fréquence totale et fréquence par livre, la plupart du temps; pour obtenir la fréquence totale d'un mot, il faut donc additionner les fréquences de chacune de ses formes) et des références (livre, colonne, ligne) de ses occurrences (sauf pour les mots-outils et les enclitiques, pour lesquels seule est donnée la fréquence totale, sans l'indication des passages où ils apparaissent; par exemple il y a 4918 occurrences de est et 9445 de et, 11 de etsi, 158 de eum,...); on ne signale pas l'appartenance littéraire des mots (maître ou disciple) ni leur provenance (sources, citations), mais on a considéré comme une expression morphologique unitaire «<spiritus sanctus», «<ver- bi gratia», «<non esse» et on a distingué l'auxiliaire esse du terme métaphysique d'être, etc. pour quelques autres cas. Suit un index auctorum et locorum sacrae scripturae ((pp. 613-616): d'abord une liste des noms d'auteurs bibliques avec la localisation de leur occurrence dans le Periphyseon et leur fréquence, puis les titres d'œuvres bibliques mentionnés avec ou sans citation (Apocalypsis, Evangelium, Psalmi, Veritas, alii loci [92] et un curieux symbolum ecclesiasticum). L'index auctorum (pp. 619-624) donne les auteurs autres que bibliques: Pères ou auteurs paiens sans ou avec mention de leur œuvre. Vient ensuite un index nominum (pp. 627-632): personnes non-auteurs (Anania, Christus),groupes culturels (graeci, philosophi, magistri, dialectici,...), noms géographiques et mythiques. L'index verborum graecorum (pp. 635-639) donne, avec les lieux d'occurrence, la liste alphabétique des formes dont la graphie est en alphabet grec; il doit être complété par les mots grecs «latinisés>> situés dans l'index général latin.
Quelques corrections d'erreurs évidentes ont été apportées au texte, qu'il faudra revoir dans sa totalité lorsque sera (si c'est le cas) publiée l'édition critique des 5 livres du Periphyseon, dont seuls les 3 premiers ont été publiés (1968, 1972, 1981), en collaboration avec feu L. Bieler, par le regretté Prof. I.P. Sheldon-Williams (décédé en 1973).
Le recensement du Periphyseon donne les totaux suivants. Pour les occurrences: total général: 217.450 mots, dont 212.569 latins, 3.081 enclitiques, 1.237 maître + disciple, 563 mots grecs; pour les formes différentes: total 20.128, dont 19.878 en latin, 3 enclitiques, 2 maitre + disciple, 245 grec.
L'auteur tient à la disposition des chercheurs la concordance complète de l'œuvre indexée.
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